Jean Monnet Président de la CECA

L’histoire fabuleuse d’un grand négociant international qui en équipe avec d’autres hommes, très différents de lui, a bâti l’Europe pour faire la Paix. 

Jean Monnet

             Jean MONNET est né à COGNAC en CHARENTE en 1888 dans une famille de négociant en spiritueux (cognac, brandy). Son père Jean MONNET dirige une petite société regroupant la production de plusieurs viticulteurs.
             Tout le monde à cette époque vivait dans l'ombre des «Grandes Maisons», dont les principales sont d'origines anglo-saxonnes. L'ambiance, c'est le commerce international, l'exportation au long cours. Une " gentry " domine un peuple de paysans viticulteurs charentais, le coeur de tous bat au rythme des saisons et des cours du degré hecto.... rien d'essentiel n'a changé aujourd'hui.
            Peu doué à l'école, il quitte le collège à seize ans, sans baccalauréat, il veut voyager, faire des affaires. Son père l'envoie chez un client à LONDRES, où il apprendra une chose rare pour un petit français de l'époque : l'Anglais.  Cela lui sera très utile.
            Très vite, il s'acclimate au négoce et aux méthodes particulièrement efficaces des Anglo-saxons, devenant petit à petit un des leurs, comprenant le mécanisme intellectuel de cette saga des affaires, aux antipodes des mentalités françaises de l'époque.
             A 18 ans, il part pour le CANADA, il a pour client principal, la prestigieuse HUDSON BAY COMPANY; ensuite, c'est les U.S.A., la RUSSIE, LA SCANDINAVIE.
            Il fonde sa propre compagnie:" La Bordelaise". Les affaires  ne sont pas toujours faciles, les stocks sont parfois encombrants et la trésorerie difficile, mais le petit Charentais est devenu un "Business-man" averti et compétent. Il a déjà tissé un réseau de relations. Il a une vision du monde dans son ensemble, une notion indispensable pour un grand marchand.

En Europe,  un événement va changer le cours des choses: la guerre de 1914.

           J.M. rentre en FRANCE, Il a 26 ans. Son frère est parti au front, lui est réformé à la suite d'une maladie contractée en Egypte, il se sent inutile. La situation militaire n'est pas bonne, la FRANCE et la GRANDE BRETAGNE n'ont aucune concertation en ce qui concerne les approvisionnements  nécessaires à l'effort de guerre  : 
         -  en équipements.
         -  en matières premières : nitrate de soude (poudre), pétrole, céréales, métaux.

        Et voilà que ce garçon, sans titre, sans grade, sans diplôme, sans mandat se dit qu'il faut que ça change et que lui doit  s'en occuper.

          Son père est un peu surpris, mais les Charentais sont optimistes. L'Avocat de la Famille, Maître BENON connaît bien René VIVIANI, le Président du conseil (l'équivalent du Premier Ministre) Il le contacte. Celui ci accepte de recevoir J.M, qui expose ses idées à VIVIANI :
         - créer une coordination entre la FRANCE et l'ANGLETERRE, un comité inter-alliés, pour organiser ensemble les approvisionnements.
          - RATIONALISER LES FRETS, donc diminuer leurs coûts.
         Lui, Jean MONNET, est capable de mettre sur pied un tel dispositif, avec l'aide de ses réseaux, de sa connaissance des Anglos-Saxons, de leurs méthodes, de leur langue.
          Les anglais sont pragmatiques, si on leur propose quelque chose de solide, ils marcheront. Et puis il y a ses amis de l'HUDSON BAY COMPANY, leur flotte est puissante, ils l'aideront.
         Cognac en CharenteRENE VIVIANI, député socialiste, un des fondateurs du journal «l'HUMANITE». a la réputation de ne pas être facile. Il gouverne un pays dans la tourmente. Des centaines de milliers de jeunes sont sur le front. 1000 soldats meurent en moyenne par jour. Des Maréchaux, des Généraux, des milliers d'officiers ont la charge de l'effort de guerre.
    Pourtant, VIVIANI est convaincu par ce jeune "réformé" de 26 ans,
     -  qu'il voit pour la première fois. 
     -  qui ressemble au premier garçon de bureau venu. 
     -  dont la seule gloire est d'avoir vendu du cognac.

    C'est sans doute ici que commence le mystère MONNET : sa force extraordinaire de persuasion.
           VIVIANI envoie J.M chez Alexandre MILLERAND, Ministre de la Guerre, et "l'élixir de persuasion" fait le même effet.
         J.M part à LONDRES avec le Contrôleur Général des Armées MAUCLAIR, Directeur général de l'intendance. Les deux hommes se mettent au travail.  MAUCLAIR est éberlué de voir les capacités de J.M, l'importance de ses relations, ses compétences, sa connaissance de l'administration et du monde des affaires. J.M a conquis L'Intendant Général.
           J.M obtient rapidement un prêt de 100.000.000 francs OR de la banque de FRANCE et l'appui de la flotte de L'HUDSON BAY.
     Maintenant il faut aller plus loin, réquisitionner la flotte anglaise et la flotte française, créer un " POOL MARITIME".
       Là, certains commencent à faire grise mine, Ce jeune "réformé" dérange quelques pontes et surtout les militaires.
         J.M reçoit un appui qui se révélera décisif celui d'Etienne CLEMENTEL, ministre du commerce qui en fait son représentant permanent à LONDRES et le sauve de la hiérarchie militaire qui enverrait avec plaisir le "Réformé" au front. J.M a de la chance. CLEMENTEL est un grand Ministre de la République. C'est un esprit nouveau, ouvert sur le monde, il fondera la Chambre de commerce Internationale et réactivera le rôle éminent des Conseillers du Commerce Extérieur de la FRANCE dans le monde, c'est une sorte d'anti MELINE (ministre français très protectionniste)


         J.M a 28 ANS. Il est le représentant de la FRANCE au COMITE EXECUTIF INTER-ALLIES DES RESSOURCES
         Le 6 avril 1917 l'AMERIQUE rentre en guerre. J.M va travailler avec les Américains (pour longtemps !...)
        Le Ministre de la guerre change, c'est louis LOUCHEUR, il n'aime pas MONNET. Les militaires veulent cette fois encore l'envoyer au front. J.M se retrouve dans le bureau de CLEMENCEAU nouveau Président du conseil, qui lui demande ce qu'il fait à LONDRES, il persuade le TIGRE de son utilité et repart à LONDRES.

          La guerre est finie, J.M à fait du bon travail, il est connu et apprécié. CLEMENTEL lui confie la mission d'approvisionnement de l'Allemagne vaincue, au sein d'une commission inter-Alliés.
          C'est devenu une personnalité international importante. Il rencontre KEYNES qui va l'initier à la "culture économique."
          En 1919, J.M est nommé Secrétaire Général adjoint de la SOCIETE DES NATIONS (S.D.N),l'ancêtre de I' O.N.U. La S.D.N est créée officiellement en 1920 après le désastreux TRAITE DE VERSAILLES. C'est une vieille idée reprise par le Président des ETATS UNIS, Woodow WILSON. Son Secrétaire Général est Sir Eric DRUMOND.
           J.M est un peu le " Père Joseph " de la S.D.N. Il accomplira un travail considérable, réglant des problèmes en AUTRICHE, en POLOGNE, en TCHECOSLOVAQUIE, en ROUMANIE, etc...  
         Il rencontre Aristide BRIAND, Louise WEISS, RENE CASSIN, TITULESCU et beaucoup d'autres. Il devint l'ami d'un personnage peu banal, qui jouera auprès de lui un rôle important, Ludwik RATCHMAN qui fut plus tard fondateur de l'UNICEF et précurseur du droit d'ingérence. C'était un médecin d'origine polonaise. On le retrouvera.

       J.M fut très décu par la S.D.N, qui fut un échec. Il démissionne avec le sentiment que la machine ne pouvait plus fonctionner. A partir de son expérience de la S.D.N, J M se méfiera toujours des Assemblées internationales et intergouvernementales. Il sera convaincu de la nécessité de la "SUPRANATIONALITE", il s'en souviendra lors de l'élaboration de son projet européen.


            Nous sommes maintenant en 1924. J.M retourne à COGNAC ce sont les vaches maigres. Il faut vendre les stocks  et surtout le "paradis "( les Charentais comprendrons!).
            Heureusement il y a l'HUDSON BAY COMPANY et la banque LAZARD de son ami LORD KINDERLEY. J.M part au U.S.A et là commence le "BIG BUSINESS". Il rentre chez BLAIR & CO une banque d'investissement. spécialisée dans le prêt aux Etats qui ont des projets, pas d'argent, mais ... des contribuables.
            l fait connaissance de Foster DULLES, futur ministre d'EISENHOWER, de MC CLOY et de walter .LIPMANN.
         J.M et son ami RATCHMAN renflouent le zloty polonais, le lei roumain, avec le milliardaire Suédois un peu escroc IVAR KREUGER. Ils feront d'autres opérations financières y compris avec les Français (notamment avec René PLEVEN).
            A SAN FRANCISCO il crée LA BANK OF AMERICA son influence dans le monde financier est immense, sa fortune aussi.
            Mars 1929, c'est la crise mondiale: il est pratiquement ruiné

           Entre temps, le célibataire J.M tombe amoureux d'une italienne déjà mariée à un italien jaloux, qui bien entendu ne veut pas divorcé et en Italie c'est grave. L'histoire du divorce et du mariage de Sylvia BONDINI GIANINI et de jean MONNET est digne des plus grands scénaristes Hollywoodiens.
           En gros avec la complicité, de MOLOTOV Ministre de STALINE, des Ambassadeurs Américains et Français à MOSCOU, il réussit en un jour, de faire de Sylvia une Russe, de la faire divorcer et de l'épouser... il eurent deux filles.


       TCHANG KAÏ-CHEK  et  MAY LINGNous sommes maintenant en 1933. RATCHMAN qui s'était intéressé à la situation sanitaire déplorable de la CHINE, (dans le cadre de ses fonctions à la S.D.N) avait persuadé Sir Eric DRUMOND qu'il fallait absolument une aide financière plus générale à la CHINE pour résoudre le problème de pauvreté extrème.
      Après diverses péripéties, J.M. débarque à SHANGAI appelé par RATCHMAN. Le contact de RATCHMAN est TV SOONG  alors ministre des finances de TCHANG KAI CHEK.
      La famille SOONG, quelle famille !...Le père, pasteur a fait fortune en vendant des bibles  (en autres). Il a eu trois filles et trois fils :
    -   l 'aînée  épousa le magnat de la finance chinoise: M KUNG, 73 e descendant de Confucius.
    - la deuxième était la femme de SUN YAT SEN Premier président de la République Chinoise et elle fut plus tard vice présidente de la République Populaire de CHINE de MAO.
     - La troisième est un personnage de roman MAY LING, la femme de TCHANG KAI CHEK (Elle est morte à 105 ans en 2003. J.M a été comme beaucoup d'autres sous le charme de MAI-LING.).
      - le  premier des fils T.V SOONG a été ministre des finances, ministre des affaires étrangères et premier ministre.
       J.M  participa à la création LA CHINA FINANCE DEVELOPMENT CORPORATION. Il fut même président d'une ligne de Chemins de fer chinois.


       JM retourne aux USA, il vivra à NEW YORK avec sa femme, une vie d'homme d'affaires connu et réputé. La menace de la guerre approche, J.M reçoit une mission du gouvernement français pour l'achat d"avions de combats aux Américains. L'affaire est compliquée en raison de la dette française suite aux fournitures livrées pendant la guerre 14-18. Très impressionné par ROOSEVELT, il commence un travail en profondeur de relations et de réseaux dans l'entourage du Président démocrate.
        Il est tout de suite conscient de la tournure que prennent les choses en Allemagne, il fait parti des hommes qui ont compris très vite qui était Hitler, le danger mortel qu'il représentait  pour l'Humanité.


           C'est la guerre, J.M rentre à PARIS en Juin 1940, la débâcle est consommée, le Gouvernement de Paul REYNAUD est à BORDEAUX, les allemands à PARIS, et J.M à LONDRES.
           Le Président du COMITE va se retrouver au coeur d'une pièce de théâtre élisabéthain, où l'on voit l'ensemble des acteurs tenter de réunir la FRANCE et le ROYAUME UNI dans une seule NATION pour continuer l'effort de Guerre.
           Pour ceux qui l'aurait oublier, en 1940 la Marine Française était une des plus puissantes du monde, et surtout intacte. L'UNION FRANCAISE représente un potentiel stratégique de premier ordre. " L'union " ne se fait pas, entre temps PETAIN a pris le pouvoir et signé l'armistice avec Hitler.

           Le 17 Juin 1940 Sylvia et Jean MONNET reçoivent à dîner; le Général DE GAULE :
      "  alors, mon Général vous êtes venu en  mission  à LONDRES. "
      "  non, Madame, je suis ici pour sauver l'honneur de la FRANCE. "
           Evidemment cela commençait mal.  Mais le " Réformé " a toujours eu des problèmes avec les militaires.
           Le lendemain c'est le 18 juin, J.M ne peut plus être Président du comité de coordination, puisque la FRANCE de VICHY ne fait plus la guerre. CHURCHILL lui propose alors de s'occuper des achats aux.USA. il devient Vice-Président du BRITlSH SUPPLY COUNCIL,et fonctionnaire Britannique... On se souvient qu'après son aventure chinoise, JM rentré à N.Y commença à s'inscrire dans les cercles rooseveltiens. Cette fois-ci il atteint le premier cercle et même le centre à WASHINGTON parmi ses nouveaux amis se trouvent :
           Harry HOPKINS confident du Président  et surtout Félix FRANKFURTER juge à la cour suprême.
        Arrêtons nous sur ce dernier, c'est probablement l'homme qui initia J.M dans l'univers du droit. Il lui expliqua le fonctionnement de la démocratie américaine. Il lui inculqua la notion de Fédéralisme, la passion de l'état de droit , la séparation des pouvoirs (chère à Montesquieu et à Tocqueville).

          Même s'il n'avait probablement jamais lu VOLTAIRE, J.M était un enfant des Lumières sans le savoir, comme beaucoup de Français d'ailleurs.  
          Installé dans le cénacle, J.M participe activement au VICTORY PROGRAM.
       Mais c'est à ALGER que ROOSEVELT lui confie une mission, il part comme représentant personnel du PRESIDENT. C'est en effet l'imbroglio à ALGER. NOGUES, DARLAN, GIRAUD tout ce monde navigue entre les Alliés et VICHY, et il faut mettre de l'ordre avant le débarquement prévu en ITALIE.

           Bien sur il y a DE GAULE à LONDRES, pour J.M c'est l'homme à abattre, un futur dictateur. Malheureusement, il influencera durablement ROOSEVELT dans cette idée, ce qui portera préjudice au chef de la FRANCE LIBRE.
            Pour résumer, Les américains veulent mettre GIRAUD patron à Alger d'un gouvernement provisoire à leur botte et marginaliser DE GAULE.
           En réalité le Vice président du BRITISH SUPPLY COUNCIL envoyé spécial du président AMERICAIN n'a pas le beau rôle. Mais c'est un pragmatique, il s'en sortira.  Bon gré mal gré , tout compte fait, il aidera le GENERAL.
           Les ALLIES sont obligés de s'incliner devant un événement important, la reconnaissance par le CONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE présidé par Jean MOULIN de la Légitimité de DE GAULE comme Chef de la FRANCE LIBRE.
            Jean  MONNET  entrera au gouvernement provisoire du Général DE GAULLE
           C'est ici que le destin des deux hommes se séparent, et commence une bataille  sur la conception de l'Europe qui aujourd'hui encore est loin d'être fini.
         En septembre 1945, J.M. retrouve sa terre natale, pas pour très longtemps, car il part aux U.S.A comme Président du FRENCH SUPPLY COUNCIL. Cet homme aura été un grand " approvisionneur ". Depuis la fin du PRET-BAIL les relations commerciales Franco-américaine rentrent dans le droit commun. Si nous voulons un crédit, il faut passer par L'EXPORT-IMPORT BANK, une sorte  d'assurance crédit export.
         ROOSEVELT est mort, TRUMAN, l'homme aux bretelles, le remplace, il est moins francophobe que son prédécesseur.
         DE GAULLE va aux U.S.A où Il est reçu en triomphe par LA GUARDIA, maire de New York un ami de la FRANCE. J.M et DE GAULE se retrouvent, bien sur, ils ne se s'aiment pas, mais maintenant chacun connaît la valeur de l'autre.
        Ce sont deux grands français, qui aiment profondément leur pays à leur manière, chacun dans son Destin. Le Soldat et le Marchand vont s'entendre pour reconstruire et moderniser la FRANCE.
       JM est nommé COMMISSAIRE GENERAL au PLAN, il dépend directement du Président du CONSEIL. Il a le soutien unanime de tous, y compris des communistes, qu'il associera étroitement. Rue de Martignac c'est le branle bas de combat. J.M s'entoure d'hommes de grande valeur, citons entre autres :
        Etienne HIRSCH, Pierre URI, René MARJOLIN, Fréderic JOLIOT CURIE, Louis ARMAND, et Paul DELOUVRIER les rejoindrons également Jacques VAN HELMONT, André FONTAINE qui resteront avec lui jusqu'au bout.

J.MONNET ET R.SHUMANLes jeunes générations ne se rendent pas compte de l'oeuvre accomplie par ces hommes. Le gouvernement Provisoire et après la IV REPUBLIQUE ont reconstruit un pays exsangue, blessé profondément par deux grandes guerres en 25 ans.

DE GAULE quitte le pouvoir mais pour une fois ce n'est pas une bonne nouvelle pour J.M.
      Le PLAN MARSHALL se met en place, grâce en partie au prodigieux prestige de J.M aux U.S.A, la FRANCE sera bien pourvue.
       Notre globe trotter, s'instaIIe dans la vallée de Chevreuse près de MONFORT avec sa femme et ses enfants. Il y restera jusqu'à la fin de sa vie, avec quelque fois des escapades à l'île de RE.

       J.M  a 60 ans, il est comme beaucoup de ses contemporains obsédé par la guerre. Rappelons nous les poilus de 1914 qui chantaient," c'est la der des der ". La réponse à cette obsession pour J.M c'est ... l'EUROPE, l'Europe supranationale.
         La question immédiate qui se pose aux ALLIES c'est la situation de l'ALLEMAGNE. Qu'en faire? d'autant plus que la menace soviétique se précise.
         Probablement " conseillé " par J.M, les AMERICAINS demande à Robert SHUMANN, alors ministre des affaires étrangères de faire une proposition.
       Un Limousin joue ici un grand rôle; Bernard CLAPPIER directeur de cabinet de R.SHUMANN (et futur Gouverneur de la Banque de France) aide J.M à concocter un projet de TRAITE qui permettra de mettre en commun sous l'égide d'une HAUTE AUTORITE SUPRANATIONALE le charbon et l'acier, qui étaient malheureusement par excellence, les instruments des nations pour faire la guerre.
         J.M et CLAPPIER n 'ont pas beaucoup de mal à convaincre R.SHUMANN. L'Allemagne d'ADENAUER reçoit cette proposition comme un don du ciel.
         -    C'est la déclaration du 9 MAI 1950 de Robert SHUMANN.
         -  C'est le TRAITE DE PARIS créant la COMMUNAUTE EUROPEENNE DU CHARBON ET DE L'ACIER (C.E.C.A) entre la FRANCE, l'ALLEMAGNE, L'ITALlE, LA BELGIQUE, LES PAYS-BAS et LE LUXEMBOURG. LE 18 AVRIL 1951.
         Le Premier Président de LA HAUTE AUTORITE est Jean MONNET; celui-ci s'installe avec toute son équipe au  Luxembourg.
         Le premier Traité à cliquet (de non retour) de la CONSTRUCTION MONNET est en place, la suite va être plus difficile.
         Nous avons vu précédemment que la question Allemande se pose face au péril Soviétique.
      Faut-il réarmer l'ALLEMAGNE dont les frontières sont communes avec l'Est ...? (certains proposent une zone démilitarisée). Le sujet est sensible, le réarmement allemand est très impopulaire en France.
        J.M a une idée qui va "dans le sens de la marche " de l'intégration européenne : la C.E.D (Communauté Européenne de Défense). Mais là, J.M a été trop vite,trop loin. Une Armée, commune, donc supranationale, avec les Allemands sous contrôle des Américains, c'est le tollé général. Le projet est repoussé à l'Assemblée Nationale par les Gaullistes, les communistes et P. MENDES -FRANCE.

          Le 5 octobre 1955 J.M. crée le Comité d'action pour les ETATS UNIS d'EUROPE. Cette fois il annonce officiellement sa réelle intention: ce comité est son instrument de combat, il est placé sous son contrôle exclusif  et efficace.  Parmi les membres nous trouveront entre autres :

  • Pour les Français Guy MOLLET (SFIO), Edgard FAURE (radical), Antoine PINAY (CNI), René PLEVEN (MRP), BOUDALOUX (CFDT), BOTTEREAU (CGT), il n'y avait pas de gaulliste !
  • Pour les Italiens: Giovani MALGONI, Ugo LA MALFA ,DE GASPERI.
  • Pour les Allemands: Herbert WETNER (SPD), Walter SCHEEL.
  • Pour les belges: Auguste COOL Paul Henri. SPAAK.
  • Pour les néerlandais: Max KOHNSTAMN

 

    Un Staff regroupera les fidèles: J. VAN HELMONT, A.FONTAINE auxquels se joindront Paul DELOUVRIER, Pierre URI, René MARJOLIN, Etienne HIRSH... et quelques uns des fonctionnaires de la CECA : Walter HALSTEIN, Jean REY, Emile Noel, Jean François DENIAU, et également des consultants extérieurs  dont Félix FRANFURTER et l'égnimatique Professeur RIEBEN, de LAUSANNE qui présida jusqu'à son décès la FONDATION MONNET en SUISSE
    Plus tard d'autres personnalités rejoindront le COMITE, Valéry GISGARD d'ESTAING, Edgard PISANI, Félix GAILLARD, Maurice FAURE, Helmut SCHMIDT. Douglas HOME, Piétro NENNI Amintore FANFANI...

       Le COMITE D'ACTION POUR LES  ETATS UNIS D'EUROPE se réunira 18 fois, la première fois à PARIS le 18 janvier 1956, la dernière fois en 1975. Il fut la " matrice " de deux grands traités
-   Le traité de l'EURATOM (1957)
-   Et le grand traité fondateur  de la Communauté  Économique Européenne
: LE TRAITE DE ROME (1957)

 

                                                                          Jean MONNET meurt en 1979.
                                                            Il entre au PANTHEON LE 9 Novembre 1988

           Pour ma part j'ai rencontré Jean Monnet plusieurs fois à son  bureau du comité  avenue Foch à Paris. Nous n'étions pas d'accord.  J'étais pour l'Europe des nations, il était fédéraliste . Il ne m'en voulu jamais. Nous étions charentais tous les deux.  Il avait 75 ans et je n'en avais  pas encore 30 , nous nous comprenions très bien.
            En 1969, je participe à la réunion du COMITE au BUNDESTAG à BONN, je suis invité par J.M en tant qu'observateur. A cette occasion, j'accompagne J.M au dîner offert par le Chancelier Willie BRAND, à ce dîner assistait le futur Chancelier Helmut SCHIMDT, alors ministre de la défense. Trente ans avant Jour pour jour mon père était mobilisé
 

copyright 2007- Alain Villefayaud 

SITE INTERNET   :
http://www.jean-monnet.net
BIBLIOGRAPHIE  :
     -  MÉMOIRES -  Jean MONNET  chez FAYARD
     -  JEAN MONNET -  Eric  ROUSSEL chez FAYARD
      - JEAN MONNET l'inspirateur - Pascal FONTAINE chez J.GRANCHER