L'agriculture et l'agro-alimentaire, on le sait, sont les points d'achoppement chroniques des négociations économiques internationales, ils résistent partout à la simplicité des théories libre-échangistes et du commerce mondialisé. Et il n'y a pas de pays économiquement développé qui ne soutienne, d'une façon ou d'une autre, son agriculture, et qui ne mette en place des mécanismes de financement de leur production et de leur commerce extérieur.
Les raisons de l'exception agricole sont connues. L'agriculture n'est pas seulement une activité de production. Elle est aussi essentielle à la gestion du territoire et à ses équilibres démographiques, sociaux, et mêmes économiques assume des fonctions non-marchandes pour lesquelles aucun législateur n'a encore trouvé de mode de rémunération satisfaisante. Exemple classique: les risques croissants d'avalanches dans les régions de tourisme hivernal, dus au recul de l'élevage en estives, et d'incendies dans les régions boisées jadis nettoyées par les troupeaux en transhumance. Et le coût du simple entretien des campagnes pèse de plus en plus lourd sur les services de l'équipement à mesure que se poursuit l'exode d'une population qui en assurait gratuitement, pour les besoins de son activité, la continuité saisonnière. Un constat qui n'entraîne pas de solution simple: on sait la résistance du monde agricole à passer du rôle de producteur à celui, très péjorativement considéré, de "jardinier de l'espace rural".
Autre raison, plus contraignante: le commerce international agricole est un commerce résiduel. Le volume des échanges représente moins de 10% de la production mondiale. Il est la variable d'ajustement des politiques nationales, qui autorise toutes les pratiques de dumping, et la notion même de prix mondial n'a pas de sens économique. On sait les ravages que la pratique des subventions et des restitutions, par les pays riches a produit sur les agricultures vivrières, de ce qu'on nommait naguère le Tiers-monde, et même sur ses cultures de rente, le café ivoirien ou le coton égyptien, alors que les coûts de production y sont incomparablement supérieurs.
Cette situation est maintenant battue en brèche par les pays émergents, à fort potentiel de production agricole et à bas coûts de production, - le Brésil, la Chine, l'Inde- , qui misent leur développement sur l'agriculture, et qui bataillent à l'OMC pour une élimination de tout soutien aux prix agricoles; ce qui ne les empêche pas de soutenir leur propre développement agricole par des interventions diverses -foncières, fiscales, techniques- qui les mettent en position de force dans les échanges internationaux. Selon une étude prospective de la FAO ( Food and Agricultural Organization, l'organisme spécialisé de l'ONU), ces trois pays deviendront d'ici 2015 " l'épicentre des forces qui gouvernent la production et les échanges agricoles mondiaux". Quant à savoir, dans cette complexité concurrentielle, où est la vérité vraie des prix mondiaux, aucun agroéconomiste ne s'y hasarde.
La course en tête
Pays-Bas | 51,8 milliards d'euros |
USA | 51,7 milliards d'euros |
France | 39,5 milliards d'euros |
Allemagne | 36,6 milliards d'euros |
Brésil | 25 milliards d'euros |
Belgique | 23,1 milliards d'euros |
Espagne | 22 milliards d'euros |
Chine | 21,4 milliards d'euros |
Italie | 20,5 milliards d'euros |
Canada | 20,2 milliards d'euros |