BO Xilai : En chine la relève arrive...

Bo Xilai

Nous nous intéressons depuis quelques années à BO Xilai qui fut le ministre du commerce qui négocia avec un certain talent l’entrée de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce ( l’OMC). Il régla également le problème des quotas (dans de bonnes conditions pour la Chine), avec l’Union Européenne. Il représente la ligne moderne du parti communiste chinois, il fait partie des hommes de confiance de HU Jintao et il apparaît comme un des possibles prétendants à sa succession lors du XVIII° congrès du PCC en 2012. L’année du dragon sera-t-elle celle de BO Xilai ? Ce sera peut-être un peu tôt et de toutes façons les mandats du ciel sont imprévisibles.

Biographie

BO Xilay est né en 1949 à Ding rang, dans la province du Shanxi. C’est un « taizi dang» un prince héritier. Il est Fils de BO Yibo, un véritable héros en Chine, un des « huit immortels ». Mais l'adolescence de BO Xilay fut celle du malheur.

Bo Yibo rejoint le Parti communiste chinois (PCC ) en 1925. Au cours de la guerre anti-japonaise, il fut un membre éminent de la force de résistance du PCC dans la province du Shanxi . En 1945, il a été élu membre du Comité central du PCC lors de la soirée du septième Congrès. Pendant la guerre civile chinoise (1946-1949), il a été Premier secrétaire du Bureau de la Chine du Nord et vice-président du PCC. Après la création de la République populaire de Chine en Octobre 1949, il devint ministre des Finances. Il s’oppose au début des années 1950 à la politique de collectivisation menée à marche forcée dans les campagnes par Mao Zedong. Pendant la Révolution culturelle, il fut torturé puis jeté en prison, et mis dans un camp de travail, sa femme fut battue à mort. Il fut réhabilité en 1979 lors du lancement des réformes économiques et de l’ouverture, grâce notamment à Deng Xiaoping et Chen Yun.
Bo Yibo

 
1968 BO Xylai travaille dans une usine à Pékin.
1977 Il prépare une licence d’Histoire à l’Université de Pékin.  
1980 Il rejoint le partie communiste chinois.  
1982 Il obtient une maitrise de journaliste de l’Académie chinoise de sciences sociales.  
1993 Il devient maire de Dalian (ville où était situé Port Arthur à l’époque des traités inégaux). Il est réélu en 1998 et accomplit de grandes choses, dans le développement économique de cette grande ville, que l’on appelle la « Shanghai du Nord ».
Il innove dans le domaine écologique, ce qui est une première en Chine. La ville de Dalian est maintenant connue comme la ville la moins polluée de chine. Il a lancé une campagne pour développer le tourisme. Dalian est la 3e ville touristique du pays, grâce son image de «Ville romantique », aux nombreux aménagements notamment ses parcs d’attractions (Faxian wangbo), son air pur et son équipe de football devenu une légende en Chine.
2003 Il devient gouverneur de la province du Laoning, et membre du 16e Comité central du PCC 
2004 Après 17 ans de présence e dans le Loanning, il est nommé ministre du commerce (MOFOCM) en remplacement de LU Fuyan et ce fut un excellent ministre du commerce (surtout extérieur).

Sichuan

2007 Il est nommé membre du politburo lors du 17e comite centrale du PCC et chef du parti communiste de la province du Sichuan. C’est une province chargé d’histoire, protégée par sa géographie elle fut souvent un refuge et Chongqing fut la capitale de la république de Chine pendant la deuxième guerre mondial. Dans la province du Sichuan la situation est préoccupante il faut reprendre en main la conurbation de Chongqing (30 millions d’habitants) corrompues par les triades, véritable fléau du pays. On se croirait à l’époque de DU Yuesheng et de la bande verte dans le Shanghai des années trente.
2009 Il fait arrêter avec l’aide du très célèbre directeur de la police WANG Lijun, (l’homme aux vingt cicatrices), l’ancien chef de la police judiciaire WEN Quiang et sa belle sœur XIE Caiping, la « marraine du Chongqing souterrain » patronne de casinos clandestins. Il neutralise 67 parrains des triades, et met au pas les dirigeants du parti communiste locaux dont un certain nombre sont corrompus. Certains n’hésitent pas à le comparer au célèbre Lin Zexu, qui mena la lutte contre le trafic de l'opium sous la dynastie Qin. BO fut également chargé de coordonner le relogement des populations déplacées par le barrage des trois gorges.
Dans une Chine qui n’a plus de héros, il devient très populaire. Un poème (c’est la tradition chinoise) circule :
 « … Bo Xilai, Bo Xilai
 Ton sourire ressemble au printemps ….
Tu combats le mal et te consacre au bien être du peuple…
Tu luttes efficacement contre la corruption…..
BO Xilai BO Xilai
La Chine a besoin de nombreux héros comme toi ».
« …..BO Xilai, Bo Xilai
Tu écraser les crimes avec une main de fer
Tu fais de Chongqing, une ville sûre et tranquille
Alors, les gens savent qu’ils peuvent compter sur quelqu’un
Bo Xilai, Bo Xilai, Bo Xilai, Bo Xilai
Tu es un héros des temps de paix…. »

Le « Time » le cite parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde en 2010. D’aucuns l’appellent le « Kennedy chinois ». Arnaud de la Grange, correspondant du Figaro en Chine, parle du"Giuliani de Chongqing ». Le glamour de la famille de Bo Xilai, fait le bonheur du « web people » chinois. Son épouse, GU Kailai est une brillante avocate, belle et riche. Son fils BO Guagua, beau garçon, diplômé d’Oxford est la coqueluche des internautes et la référence des belles mères. Depuis le film de Mabel Cheung sur les sisters Soong (Song jia huang chao) sorti en 1997, personne n’a eu autant de succès en Chine dans les hutons.

BO Xilay qui ne l’oublions pas à une maîtrise de communication et de journaliste se sert des médias en professionnel averti. Il a modernisé le concept du petit livre rouge de Mao en émettant des Textos rouges par millions. Il n’hésite pas à remettre à la mode le chant des gardes rouges : l’Orient est rouge….. Il n’est pas rancunier.

Tout ce tapage médiatique est diversement apprécié et il n’a pas que des amis au sein de l’establishment. Ses détracteurs dénoncent son style provocateur et son arrogance. Il reste deux ans avant le prochain congrès du PCC, à l’issue duquel une nouvelle direction sera mise en place. Il n’est pas sur que la popularité soit toujours un avantage en politique, en Chine en particulier. D’ici là, des histoires embarrassantes sur lui ou sa famille peuvent être exploitées par des rivaux. Bo Xilai doit être consciente du danger. D’autant plus qu’il a un très sérieux concurrent : WANG Yang.

 Un de ses rivaux

Wang Yang

Wang Yang est considéré comme l'un des leaders émergents de la prochaine génération de dirigeant chinois. Il est actuellement membre du Bureau politique du Comité central du PCC et secrétaire du Comité du PCC de la province Guangdong.

Biographie

WANG Yang est né le 12 mars 1955 à Suzhou , province d'Anhui.

 
De 1972 à 1976 Il travaille comme ouvrier puis comme cadre dans une usine d’agroalimentaire. Il rejoint le Parti communiste en 1975. Guangdong
En 1979 Il rentre à l'Ecole du comité central du PCC. Il fera des études d’économie politique et un master d’ingénierie.
De 1981 à 1984 Il est secrétaire adjoint de la LJCC (ligue de la jeunesse du PCC) de la province d’Anhui. Puis chef du département de la communication.
De 1984 à 1999 Il occupe différents postes : culture, sport, puis maire de Tongling membre du comité permanent du PCC et vice gouverneur de la province d’Anhui.
De 1999 à 2003 Il est vice-ministre d’Etat pour le développement et de la commission de planification.
En 2003 Il est secrétaire général adjoint du conseil d’Etat.
De 2005 à 2006 Il est secrétaire du comité du PCC de la province du Sichuan et président du comité permanent de l’agglomération de Chongquing.
En 2007 Il est Membre du comité central du PCC. Il est nommé par le 17° congrès, secrétaire du comité du PPC de la province de Guangdong .

Ces deux hommes si différents ont une chose en commun qui intéresse ceux qui se préoccupent du commerce international et du développement régulé et sécurisé des échanges : ils veulent que leur pays soit respecté et respectable et qu’il soit parfaitement intégré au monde globalisé des échanges. C’est pour eux l’intérêt de la Chine, ce qui est n’en doutant pas leur seule préoccupation.

  • L’un est un excellent gestionnaire et un redoutable négociateur international. Il lutte contre la corruption, et milite pour la sécurité des biens et des personnes et un Etat de droit à la chinoise.

  • L’autre a été formé à l’école du PCC dont il connaît très bien les forces et les faiblesses WANG Yang, est un pragmatique, un réformateur convaincu. C’est un partisan de l’économie libérale (sinisée). Il contribue très efficacement à mettre sa région du Guandong au premier rang des provinces chinoises et parmi les plus performantes du monde. (si le Guandong était indépendant, son produit intérieur brut serait parmi les 20 premiers dans le monde).

Au milieu de la crise financière mondiale de 2008 , Wang parle franchement de la crise économique et son impact sur la Chine. Parfois, il montre son désaccord avec le gouvernement central. Par exemple lors d’une visite du premier ministre WEN Jiabo qui était en faveur d’une protection des PME, il montre les limites d’une telle politique en déclarant « les entreprises qui par leur mauvaise gestion font faillite, elles doivent être faillis ». Pour la Chine c’est une « révolution culturelle ».

A ces jours de septembre 2010, BAO Xilai est toujours en poste à Chongquing et WANG Yang à Canton. Par contre un autre " prince rouge" XI Jinping (57 ans) vient d'être nommé, le  18/10/2010, vice-président de la commission militaire  parle plénum du comité central du PCC.....

Bo_Xilai_fin

©tous droits réservés- RCI -Alain Villefayaud- septembre 2010