Developpement durable ou avenir du developpement

« L’écologie n'est pas une préoccupation de riche, c'est un devoir de riche » (Nicolas HULOT)

La prise en compte de l’environnement dans les politiques publiques depuis les années 70 , puis au sein des entreprises dans les années 90, a amené à rechercher un optimum entre protection de la nature et réduction des pollutions et des risques, d’un côté, et les dimensions économiques et sociales, de l’autre. L’arbitrage entre les trois composantes précitées (économie, environnement et social) forme le concept systémique de « développement durable ». Ce dernier vise à assurer la pérennité d’une entreprise se voulant socialement responsable et soucieuse du respect de l’environnement, afin qu’elle ne puisse compromettre « lacapacité des générations futures à satisfaire à leurs besoins ». Cette approche est donc pragmatique1 et non dogmatique.

 © Florian DELABRACHERIE (Champs

« [Le développement durable] ce n’est pas un retour en arrière, mais un progrès pour l’humanité : celui de consommer non pas moins, mais mieux. Il est devenu urgent d’agir. Nous en avons tous les moyens. Et surtout, le devoir. » (Anne Jankéliowitch ; http://www.ledeveloppementdurable.fr)

 Si la fonction première d’une entreprise est de générer des bénéfices, les modes de production évoluent grâce à la volonté affichée des pouvoirs publics (des pays développés) de réduire les impacts sur l’environnement. A ce titre, Nicolas HULOT a raison de souligner que « l'écologie n'est pas une préoccupation de riche, c'est un devoir de riche ». Les sociétés industrialisées doivent montrer l’exemple d’un développement soucieux de l’environnement, ce qu’elles n’ont su faire que trop tardivement. Les préoccupations environnementales ont été longtemps perçues comme un « luxe », une « option » des sociétés industrialisées ayant satisfaits leurs besoins primaires. Ecartant la problématique environnementale, l’homo-economomicus, a usé et use encore des ressources terrestres sans peser dans sa globalité les effets de son empreinte écologique. A titre d’exemple, les personnes (physiques ou morales) qui ont exportées des sacs en plastique sur le continent africain durant 20 ans se sont-elles souciées de leur élimination ? Aujourd’hui des milliers de tonnes de sacs plastiques en polyéthylène (biodégradabilité de plus de 100 ans) jonchent les rues des agglomérations africaines. Il est possible de limiter ces nuisances à la source, encore faut-il prendre en compte le contexte économique et social du pays concerné . En effet quelle importance prennent les risques environnementaux dans des pays pauvres confrontés quotidiennement à une corruption démesurée, à l’illettrisme, à une prévalence du SIDA très importante, à un risque d’insuffisance alimentaire, à un taux de mortalité infantile dépassant fréquemment les 60‰, etc… ?

Ci-dessus : Kibéra (Nairobi/KENYA) : le plus grand bidonville d’Afrique de l’Est. 700 000 personnes vivent sans eau ni électricité

 

 

 

 

Ci-dessus : une des écoles de Narobi (KENYA). Au premier plan, la déchetterie

© Florian DELABRACHERIE

© Florence DOSTES

« L’entreprise du XXIème siècle sera responsable ou ne sera pas. »

Les pays industrialisés, quand à eux, doivent appréhender des risques générés par leur propre développement technologique. A titre d’exemple les risques liés à l’agriculture productiviste (intensive et mécanisée) sont perçus de plus en plus comme inacceptables par les citoyens qui aspirent à une société –illusoire- où les risques seraient nuls. Avec les crises de la vache folle, des OGM… nous passons de la peur de l’épidémie à l’épidémie de la peur. Cette « société vulnérable » (pour plagier le titre de l’ouvrage visionnaire de H. Theys & J.-L.Fabiani -1987-) a une opportunité de réduire ses « peurs » par la raison et la prévention. Bien informé (ce qui n’est pas le cas des pays du Sud) le consommateur a aujourd’hui le choix, il peut contrôler d’avantage le contenu de son assiette. Les produits biologiques ont profité de cette prise de conscience : 50% des français avouent consommer au moins occasionnellement des produits « bio » ou respectueux de l’environnement. L’acte d’achat n’est pas neutre et le consommateur l’a bien compris. Selon une enquête du CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) de juin 2005, 25 à 30% des Français entendent donner une dimension engagée à leur achats ; il s’agit cependant d’actes ponctuels. Le commerce équitable dont le principe est fondé sur la solidarité entre les petits producteurs des pays du Sud et le consommateur occidental a su s’imposer (cas du label Max Havelar). En 2005, 56% des Français connaissent ce marché alternatif (contre seulement 9% en 2000) et 3% de la population française consomme quasiment exclusivement équitable. Cette notion de « responsabilité » a évidemment permis aux entreprises de modifier leur positionnement sur le marché et de se restructurer en interne pour satisfaire ces nouvelle exigences.

L’entreprise actrice du développement durable : l’ISO 14001

En effet, concernant l’environnement et plus particulièrement l’environnement industriel (on voit ici que ce mot est polysémantique d’où un risque de multiplication des interprétations) de gros efforts ont été engagés par les entreprises publiques et privées, mais aussi des collectivités territoriales (Agenda 21) dans la réduction de leurs nuisances et le suivi de l’élimination des « produits en fin de vie » . C’est le cas des « Chartes environnement » et des normes de type ISO 14000 (ISO 14001, ISO 14004, etc…). Ces dernières définissent la mise en place et l’organisation d’un « Système de Management Environnemental » (SME). L’ISO 14001 oblige l’entreprise à réduire ses impacts sur l’environnement, à prévenir les incidents (pollutions accidentelles) et à fixer un plan d’actions visant à améliorer les performances environnementales. Cela ne signifie pas que l’entreprise cesse de polluer, mais elle s’engage en ce sens. Le secteur d'activité le plus concerné dans le monde par la certification ISO 14001 est la fabrication d'équipements électriques et électroniques avec 5100 certificats devant la métallurgie (4700) et la construction (3600).

Pour les entreprises, l’avantage concurrentiel est certain : les donneurs d’ordre (collectivités territoriales) intègrent dans leurs critères de sélection d’appel d’offre des exigences environnementales. Les coûts liés à la sécurité (absentéisme) sont maîtrisés grâce à la prévention des accidents, les coûts d’élimination des déchets et des consommations usuelles s’en trouvent aussi amoindris. Enfin l’effort « vert » contribue à l’amélioration de l’image de l’entreprise et influe sur les négociations avec les partenaires institutionnels. Les administrateurs, investisseurs, assureurs et banquiers prennent d'ores et déjà en compte la certification ISO 14001 comme preuve de la capacité d'une entreprise à connaître et à maîtriser ses risques environnementaux. Il faut reconnaître que ce dispositif est difficile à mettre en œuvre dans les PME-PMI en raison du manque de compétences internes de ces sociétés, il est donc prévu dans ce cas des certification par étapes. Depuis sa publication en septembre 1996, la norme ISO 14001 a été à l'origine de la remise de plus de 90 000 certificats dans le monde. D'après l'étude ISO Survey de 2004, la norme ISO confirme sa progression mondiale et 127 pays sont désormais impliqués contre 113 en 2003. L'Europe représente 44% de ces certificats juste devant l'Extrême-Orient (39,7%). Le Japon et la Chine sont les plus actifs au niveau mondial avec respectivement plus de 19600 et 8900 (+75% entre 2003 et 2004) certificats. L'Espagne, en troisième position mondiale mène le peloton européen (6500 certificats). La France se place 9ème au niveau mondial avec 3000 certificats délivrés et 6ème au niveau européen derrière l'Espagne, le Royaume-Uni (6300), l'Italie (4800), l'Allemagne (4400) et la Suède (3500).