CALCUTTA LE 13 JUIN 2006
En 1979, des élections locales portaient au pouvoir le parti communiste au West Bengal, qui appliquait alors, au sein de cet état de l'Union Indienne, une politique hostile aux investissements étrangers et aux initiatives privées. Le pouvoir central de New Delhi, qui entretenait alors des relations privilégiées avec l'URSS, confortait dans les faits cette stratégie économique. Cette situation, liée à une pénurie endémique d'énergie électrique et à un manque d'infrastructures tangible, avait induit une fuite des capitaux et des grands groupes implantés depuis longtemps à Calcutta, qui émigraient vers d'autres villes, dont essentiellement Bombay, New Delhi et Bangalore.
Depuis la chute du mur de Berlin et la mondialisation de l'économie, au début des années 90, si le pouvoir au West Bengal reste aux mains du parti communiste, sa politique économique s'est considérablement modifiée et il ne se passe pas une semaine sans que le Chief Minister de cet état Buddhadeb Bhattacharjee, n'intervienne pour encourager la venue d'investissements étrangers. Outre cette stabilité politique, la situation énergétique s'est inversée et le West Bengal exporte aujourd'hui de l'électricité dans d'autres états de l'Union et la législation économique favorise les initiatives privées.
Deux secteurs d'activité sont significativement privilégiés au West Bengal, à la fois par les pouvoirs publics et par les investisseurs privés : la transformation agroalimentaire (y compris les produits de la mer) et les nouvelles technologies de l'informatique et des télécommunications.
I. Une croissance moyenne de 7% depuis dix ans (second rang des états indiens)
WB : Croissance 1995-2005 |
WB : Croissance Industrielle 1995-2005 |
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Nous assistons progressivement à une véritable renaissance de l'économie du West Bengal, qui a enregistré depuis 10 ans, une croissance moyenne de 7% par an (5,8 pour l'ensemble de l'Inde) et une progression de 5,4% des revenus per capita, se plaçant ainsi à la seconde place des états de l'Union, après le Karnataka (Bangalore). Cette situation a été portée par des investissements privés de 5 milliards USD au cours de la dernière décennie. Les projections indiquent une croissance de 8% à 9% en 2006.
II. Une main d'œuvre de qualité, bon marché
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Les récents développements importants n'auraient pas été possibles sans la qualité des ressources humaines, avec 8000 ingénieurs/an, soit 20% des étudiants des prestigieux Indian Institutes of Technology, qui sont originaires du West Bengal.
III. Des coûts d'approche réduits
Les experts indiens estiment que les coûts d'approche à Calcutta et plus généralement au West Bengal sont moins chers que dans les autres grandes métropoles du pays. D'après une agence indépendante (CMIE), le coût de la vie s'établit à un indice de 378 pour 438 à Bangalore et 501 à Chennai. Une étude sur les coûts des centres d'appel donne un avantage coût de 12 % à Calcutta par rapport à Delhi ou Bombay. Le gouvernement de l'état est prêt, en outre, à faciliter l'implantation de sociétés étrangères qui souhaiteraient s'implanter ou investir au West BENGAL dans un pays où les administrations sont reconnues comme tatillonnes.
IV. Des secteurs privilégiés : transformation agroalimentaire et nouvelles technologies
Si la croissance des secteurs traditionnels, tels que l'agroalimentaire, le cuir, le fer et l'acier s'est accélérée, d'autres secteurs porteurs ont émergés : environnement, chimie et pétrochimie, équipements électriques et électroniques et enfin informatique. Ces activités sont portées par des grands groupes indiens de l'industrie et des services dont le siège social est à Calcutta, partenaires potentiels de premier rang : Birla (métaux non ferreux, textiles, chimie, mines, informatique, finance et assurance), ITC (tabac, informatique, agroalimentaire, textile, distribution, hôtellerie et tourisme), Keventer (agroalimentaire, transports, distribution, BTP) par exemple.
IV.1. Le secteur de la transformation agroalimentaire
Le secteur agricole représente 30% du PIB de l'état du West Bengal. Il bénéficie d'une grande diversité d'altitudes, des rives du delta du Gange aux contreforts de l'Himalaya et d'un réseau de coopératives pour partie performant. Cependant, mis à part le thé et le riz, peu de ces produits ont la possibilité d'être conservés. En effet, l'industrie de la transformation agroalimentaire est encore rudimentaire, mais son développement s'est amorcé depuis quelques années et représente un potentiel considérable, qui a besoin des capitaux et des transferts de technologies modernes.
a) Les initiatives publiques
Les analystes du gouvernement du West Bengal estiment que 3 milliards d'Euros pourraient être générés par le secteur de la transformation agroalimentaires au cours des 10 prochaines années. En effet, si cet état est le premier producteur de l'Union Indienne pour les poissons, les légumes, les ananas et le riz et second en ce qui concerne les pommes de terre et les lichees, seul 1% de cette production subit une transformation.
De nombreuses initiatives et projets, financés par des fonds partiellement publics pour procéder à la mise en place d'un environnement propice à un développement accéléré du secteur, sont en cours d'examen ou au stade d'appel d'offres :
b) Les partenaires potentiels privés
L'ensemble des grands groupes multisectoriels dont le siège social se trouve à Calcutta (Birla, ITC, Pailan, Keventer, Rasoï etc) et dans d'autres métropoles indiennes se diversifient et s'intéressent déjà au secteur de la transformation agroalimentaire. Ce dernier, prioritaire, bénéficie, en outre, d'initiatives et de financements du gouvernement central ou de l'état du West Bengal et parfois de bailleurs de fonds bilatéraux ou multilatéraux. Ils attirent de nouveaux acteurs, petits industriels ou investisseurs indiens qui ont prospéré et qui sont disposés à examiner des formes variées de collaboration avec des entreprises étrangères.
c) Certains français aux avant-postes enregistrent des résultats probants
Par exemple : Une entreprise française, récemment implantée au West Bengal dans le secteur de la transformation agroalimentaire a obtenu des contrats ‘'clés en main'' pour plusieurs projets industriels (crevettes et poissons surgelées, amidonnerie, flocons de pommes de terre et légumes et plats végétariens cuisinés, stérilisés sous vide).
IV.2. Le secteur des technologies de l'informatique et des télécommunications
L'Inde est devenue l'un des acteurs majeurs du secteur des TIC au niveau mondial au cours de la dernière décennie. Si les grands centres de ce secteur sont Bangalore, la région de Bombay et Hyderabad, toutes les grandes métropoles de l'Inde possèdent leurs entreprises, dans un secteur incontournable, Calcutta reste encore à la traîne, malgré la présence, sous diverses formes de l'ensemble des opérateurs du secteur.
Il reste que les pouvoirs publics au West Bengal encouragent fortement l'implantation d'entreprises du secteur et que les multinationales ou les PME commencent à investir dans la région. Une accélération massive des investissements du secteur est attendue au cours de la prochaine décennie. Ainsi, depuis le début de l'année 2005, de nombreux projets ont vu le jour, dont ceux de Tata Teleservices (300 M€), de Videocon (100 M€) dans la création d'un ‘'technology park'' proche de Calcutta et de Satyam Computer (création de 2500 emplois).
Cette évolution prévisible est adossée à la présence à Calcutta, du plus important réservoir d'ingénieurs en Inde, qui ne souhaitent pas quitter leur région d'origine et des avantages liés à une qualité et à un coût de la vie fortement incitatifs.
Commentaires
Ambassade de France en Inde
Mission économique de calcutta
Robert IGIER