C'est pour l'Afrique sub-saharienne un nouveau problème: l'acquisition croissante de ses terres agricoles par des investisseurs étrangers. La Chine, l'Inde, la Corée du Sud, l'Arabie saoudite, les Emirats pétroliers, commencent à y acquérir des espaces entiers pour y produire des cultures que leurs conditions géo-climatiques ou leur surpeuplement ne leur permet pas de développer chez elles. Une étude diligentée par la FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation, dans cinq pays – Ethiopie, Ghana, Madagascar, Mali, Soudan- et publiée en mai 2009 y chiffre à 2, 49 millions d'hectares la surface des terres ainsi acquises.
Une autre étude, de l'Ifpri (l’International Food Policy Research Institut, Washington) sur l'ensemble de l'Afrique noire évalue ces acquisitions entre 20 et 30 millions d'hectares. Pour mémoire la surface agricole utile de la France est de 29 millions d'hectares.
Or les terres ainsi acquises sont les meilleures et les plus facilement irrigables. Conclusion de l'étude FAO: « les achats de terre en rapide augmentation entrainent le risque que les populations les plus pauvres perdent leurs droits sur les terres et autres ressources naturelles ». Un risque d'autant plus marqué que ces cultures ne sont pas destinées au développement des pays d'accueil, mais à l'économie des pays acheteurs. Le sud-coréen Daewoo, par exemple, y cultive des plantes à bio-carburants. Par ailleurs, les pays acheteurs amènent aussi leurs techniciens, et souvent, comme la Chine, leur propre main d'œuvre. Les territoires ainsi acquis apparaissent ainsi de plus en plus comme des enclaves totalement étrangères à la vie des pays d'accueil.
Cette situation, dont la plupart des gouvernements africains sont aussi acteurs, pris à la gorge qu'ils sont par leur endettement chronique, par les exigences du FMI, et souvent par la corruption de leurs pouvoirs, commence à inquiéter l'Organisation de l'Unité Africaine, et une paysannerie qui depuis quelques années a commencé à se doter de structures et d'une pensée syndicale autonome. sur la nécessité d'une agriculture qui occupe encore l'essentiel de la population active, et qui fonctionne à 80% en « économie informelle », terme bien pensant pour désigner une autarcie familiale et villageoise de survie, de devenir actrice active son développement. Et pour cela de faire moins appel à la compassion internationale qu'à l'expérience des organisations agricoles des pays européens, qui ont su être les partenaires et les cogestionnaires des politiques agricoles.
Ainsi les échanges et les coopérations avec l'association Afdi (Agriculteurs français et développement international), créée en 1975 à l'initiative conjointe de l'Apca (assemblée permanente des chambres d'agriculture), la Cnmcca, la Fnsea (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et le Cnja (Centre national des jeunes agriculteurs). Avec un principe affirmé qui la différencie de la plupart des Organisations non-gouvernementales, pas d'aide charitable mais une coopération « fondée sur l'identité commune du métier de paysan, la réciprocité et la connaissance entre partenaires » et les « échanges entre organisations».
L'Afdi est en coopération régulière avec les organisations paysannes de dix pays africains: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Guinée, Madagascar, Mali, Sénégal, Tchad, Togo. Les expériences françaises peuvent aider les organisations à se doter d'une capacité de cogestion capable de résister à cette mainmise qu'on peut bien dire néo-coloniale. Il y a du pain sur la planche.
©RCI Georges CHATAIN journaliste
LES FEDERATIONS SYNDICALES AFRICAINES
L'émancipation et l'autonomie du syndicalisme agricole africain sont récentes, avec la fin des régimes de parti unique. Il est aujourd'hui fédéré en cinq sous-ensembles régionaux:
• Le Roppa (Réseau des organisations paysannes et des producteurs d'Afrique de l’ouest). http://www.roppa.info/
• L'Eaff ( East african farmer's forum). http://www.eaffu.org/
• Le Propac (Plateforme régionale d'organisations paysannes d'Afrique de l'Ouest). http://www.propac-op.org/
• La Sacau (South african confederation of agricultural unions. http://www.sacau.org/
• L'Umagri (Union maghrébine agricole). http://www.umagri.com/